Je n'étais entré qu'une seule fois dans une fleuristerie, il y avait de cela des années. Bien des années. Je devais avoir 4 ou 5 ans, pas plus. Je n'avais même plus aucun souvenir de cette journée, mais je m'en souvenais puisque j'avais eu un sérieux problème avec Margaux, celle qui me prend pour son fils, cette journée là. Tout casser avait été ma folie du jour. Et lorsque je mentionne tout casser, c'était bien le cas. C'était également à ce moment de ma vie que j'avais compris que Margaux était belle et bien folle. Je le savais depuis plus longtemps, mais à ce moment là, c'était encore pire. Après m'avoir sermonné comme une mère devait le faire devant les autres personnes nous entourant, elle m'avait encouragé à continuer en silence, espérant que je puisse faire encore plus de dégâts. Elle était... jalouse, certainement. Quoi qu'il en soit, tandis que j'ouvrais cette porte de la fleuristerie, je me demandais bien quelle genre de mouche m'avait piqué pour devenir aussi romantique juste d'un coup. Je voulais peut-être épater quelqu'un ou bien, lui nuire, telle était la question. Personne ne pouvait le savoir et ce n'était pas le moment d'en parler. N'y même d'y penser. Penser à cette fille me donnait des envies de meurtres alors, pour les fleurs et les mots tendres, ceci pouvaient bien attendre un peu. Ou peut-être pas, tout dépendant de ce que je pouvais trouver aujourd'hui pour satisfaire mon esprits pervers.

Une fois entrée dans le commerce, pas question de tourner en rond et de poser mon regard un peu partout. Je savais exactement ce que je cherchais, pas besoin de passer par trente-six chemins pour atteindre mon but. Et prendre mon temps pour regarder toutes les fleurs autour de moi n'était pas mon intention première. Sortir d'ici le plus vite possible était plutôt mon souhait le plus cher. Ça, et que mon achat ne soit pas trop élevé. Je n'avais pas envie de dépenser une fortune uniquement pour voir son regard s'enflammer et devenir hystérique. Pas la peine. Je n'avais qu'à poser mes yeux sur elle et déjà, elle devenait folle de rage. Les fleurs, ce n'était qu'un avant goût, rien de plus. Une sorte de petit jeu qui continuait entre nous, ce dernier durant depuis déjà un bon moment. Bien des gens pouvaient dire que nous étions fait l'un pour l'autre, comme bien des gens pouvaient dire le contraire. Tout était dans la manière de regarder les choses. Et la manière des faire aussi. - Vous travaillez ici? - Je sais ce que vous pensez et c'est le cas. Je ne voulais pas parler à n'importe qui, tout détailler en de grandes phrases mes désirs et mes recherches et ensuite, me faire dire par le pauvre petit monsieur, qu'il n'était qu'un stupide client comme les autres et que je devais m'entretenir avec quelqu'un d'autre. Mais bon... puisque ce dernier se trouvait derrière la caisse enregistreuse, ma question était un peu idiote. Juste un peu, ok? - Vous auriez de la bardane à quelque part? - J'espérais fortement que cet homme puisse me dire que oui, il en avait. J'en voulais un gros, gros bouquet.

Je sais bien que ma première question avait été tout à fait stupide, mais l'agissement de l'homme derrière le comptoir ne m'apporte aucune confiance en les lieux. Peut-être veut-il se montrer au-dessus de tous uniquement parce qu'il est le seul employé de la place? Si c'est bien ce que je pense, il n'a malheureusement rien pour se vanter, puisque la boutique est bien vide depuis mon arrivée et même avant. À chaque fois que j'approche cette boutique, sans y faire un tour, cette dernière est bien vide et surtout, dénudée de tout attrait dans mon cas. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour une seule et unique raison. Pas pour des centaines et encore moins pour faire tout un drame. Je cherche uniquement quelque chose de simple, quelque chose qui pourra faire comprendre à une personne bien précise ce qui se passe présentement dans ma tête. Mais avoir le regard que me lança l'employé, j'ai l'impression que ce dernier n'est pas certain de la vérité sur ma recherche. Comment lui expliquer clairement ce qui me pousse a agir ainsi? Tout faire pour se faire détester par quelqu'un, c'est très simple, non? La meilleure solution reste tout de même de tout lui expliquer, mais pas en détail. Si cet employé n'a pas ce que je cherche dans ses plates bandes, c'est certainement parce que cette plante est trop en demande présentement. Bien des hommes avec des problèmes de coeur, certainement! - Je n'ai pas l'intention d'en faire une salade. - Mes mots ne se veulent pas méchants, mais bien d'une manière qui, espérons, pourront lui faire comprendre que je ne plaisante pas. Je n'ai pas l'intention d'acheter des roses, des jonquilles ou des lilas. Je veux seulement quelque chose qui pourra faire comprendre à qui de droit ce qui se passe entre nous. Rien de plus. - Du sumac grimpant, dans ce cas là? - N'importe quoi y ressemblant peut très bien l'affaire, mais ne voulant pas payer le prix fort pour un article comme ça, j'ai préféré me taire à ce sujet, regardant un peu dans les environs. Ce que je souhaite, c'est quelque chose de simple, de pas trop cher et surtout, de vrai. Pas question d'acheter de la soie, des arrangements floraux ou tout autres petites choses insignifiantes comme ça. Je ne cherche pas à me faire aimer, mais bien à me faire comprendre sur mes agissements. Peut-être trop compliqué aussi pour cet homme... - Du pissenlit, quelque chose qui sent très mauvais ou même, couvert de mort aux rats, peut importe. - Pas question d'acheter de l'herbe à chats par contre. Ça, ça attire. Ce que moi je souhaite, c'est quelque chose qui puisse faire repousser une fille, la faire sortir de ma vie avant que cette dernière ne finisse par me causer plus de tort que maintenant.

J'ai bien envie de faire le tour du commerce et de chercher moi-même car présentement, j'ai la nette impression que personne ne pourra m'aider dans la boutique. L'employer a l'air de chercher un moyen de me faire comprendre de sortir tandis que moi, je cherche un moyen d'avoir ce que je veux. Et même si je vais devoir foutre le bordel dans cette boutique, je vais finir par trouver quelque chose qui me plait. Et si ce quelque chose est trop cher, je vais le marchander. Comme ça, tout le monde sera content. J'aurai ce que je souhaite pas trop cher et lui, pourra dire que à tout le monde que je suis sorti du magasin sans mettre le feu à l'intérieur. Enfin, pour l'instant.