Salomé n'avait pas parlé pendant tout le trajet. Elle avait préféré réapprendre à respirer convenablement, ne sachant pas non plus si elle agissait bien en acceptant cette petite sortie. Elle était navré de ne pas avoir pu s'habiller autrement. Si le colocataire de Matteo lui aurait donné quelques minutes pour se préparer, elle aurait pris le temps de frisé ses cheveux, de revêtir une jupe et de prendre une douche bien chaude. Elle avait l'impression de sentir la pizza et la friture et ne voulait pas donner faim aux clients dans le bar où ils allaient. Le peu de fois qu'elle sortait, elle voulait être une vraie dame et apprécier sa sortie. Elle ne voulait pas faire honte à l'homme qui avait eu la gentilesse de l'invité, ceci ne ce faisait pas. Elle voulait être une gentille fille, souriante et que Matteo puisse la trouver si gentille, qu'il décide de la réinviter par la suite mais seul, cette fois-ci. Elle ne s'autorisa donc pas à ouvrir la fenêtre de l'automobile, même si elle avait chaud. Ceci était compréhensible, elle était tout près de son livreur favori, le seul et unique qui la faisait saliver. Salomé ne voulait pas gâcher ce moment et devenir insignifiante aux yeux de ce dernier. Elle aurait tout donné pour se perdre un moment en sa compagnie et ne jamais trouver le bar. Elle aurait été la femme la plus heureuse au monde. Mais puisque chaque chose a une fin, Matteo trouva le bar et stationna le véhicule. La jeune femme descendit et attendit que Matteo entre en premier dans le bar, ne voulant pas paraitre pour une habituée de ce genre d'endroit. De toute manière, elle n'y avait jamais mis les pieds et espérait que ce soit la dernière fois. Elle ne voulait pas devenir une alcoolique et être comme certains membres de sa famille. Salomé se respectait et elle voulait passer du bon temps avec Matteo. Si ce dernier passait uniquement son temps libre à trainer dans ce genre d'endroit, elle allait devoir marcher sur son orgeuil et accepter son sort. Elle allait le suivre et commencer à entrer dans ce genre d'endroit non fréquentable. Elle pouvait bien faire une petite exception pour cet homme si gentil et affectueux. Salomé se moquait de ce que les gens autour d'eux pourraient bien penser, elle était amoureuse et c'est tout ce qui comptait. Ne pas juger Matteo, mais pourquoi donc? Son colocataire avait fier allure et avait l'air réveillé, comparé à ce que la serveuse craignait. Elle aurait pensé avoir à faire à un être sans gêne et complètement saoul, ne pouvant même pas tenir sur ses deux jambes. Ce dernier avait donc l'air gentil et d'agréable compagnie. La jeune femme s'avança donc vers cet homme inconnu, avant de prendre place à ses côtés, sachant qu'elle en aurait certainement pour quelques minutes. Quelque chose lui disait que Matteo et cet homme allaient devoir discuter un peu et elle ne voulait pas attendre debout, comme une folle, attendant que son prince charmant puisse lui revenir.

Salomé ne disait rien et regardait les gens autour d'elle se promener et engager la conversation avec les gens autour d'eux également. Elle se sentait seule pendant que le colocataire de Matteo se donnait à coeur joie pour dire des mots incompréhensibles. Elle avait conscience qu'il ne l'aimait pas beaucoup, ce n'était pas un secret pour tout le monde et elle avait envie de quitter les lieux. Salomé n'était pas dans son monde présentement. Des gens qu'elle ne connaissait pas, dans un univers qu'elle ne connaissait pas, restant avec des hommes qu'elle connaissait à peine. Elle connaissait vaguement Matteo, le fameux livreur du restaurant où elle travaillait, le même qui l'avait séduit plus d'une fois. Le livreur n'avait rien fait pour mériter ses yeux de biches affamés, Salomé lui donnait ce regard sans raison à chaque fois qu'elle le croisait au travail. Il lui plaisait beaucoup, tout le monde pouvait s'en rendre compte. Elle espérait secrètement que lui ne ce soit pas rendu compte de ses maladresses. Elle ne voulait pas devoir lui parler et lui expliquer sa gêne constante lorsqu'elle croisait son regard. Elle était trop mal pour lui en parler tout de suite, malgré ce que certaines personnes avaient essayé de lui expliquer. La vie est trop courte pour repousser le destin mais Salomé ne voulait pas essuyer un refus de la part du beau livreur, elle ne le connaissait pas encore suffisament pour savoir si les rumeurs à son sujet étaient véridiques ou non. Elle avait peur de se tromper et que Matteo puisse rire d'elle avec les autres employers. Elle le connaissait un peu pour avoir plusieurs fois fermé le commerce avec lui mais ils n'étaient pas de bons amis. Elle avait donc honte de la couleur de ses joues lorsqu'elle le croisait. Elle ne pouvait rien lui dire de sa vie ou de sa relation avec lui, ce qu'elle s'imaginait dans sa tête, c'était trop compliqué pour être dit ou mis sur papier. Elle avait honte, très honte et sortie de ses pensées lorsque le beau décida de lui proposer un verre. Salomé ne sut pas quoi répondre, elle ne connaissait pas l'alcool. Elle préféra prendre la même chose que son interlocuteur, ne sachant pas quoi choisir. Elle ne voulait pas prendre un verre d'eau dans ce bar malfamé, elle avait peur que Matteo la prenne pour une folle qui cherchait un peu d'attention. Elle ne voulait pas boire non plus, elle n'avait jamais pris un verre d'alcool. Elle s'était toujours occupée de ses petits frères et n'avait jamais eut quelques minutes pour prendre soin d'elle et voir autre chose que les quatre murs du domicile familial. Matteo commenda la popularité du bar et l'explication qu'il lui fournit la fit sourire. C'était un bon point pour lui, elle était heureuse de savoir qu'il ne prenait pas un verre tous les soirs. C'était ce qu'il venait de dire et elle le croyait. Elle préférait le croire lui, au lieu de parler avec l'ami de Matteo car il n'avait pas l'air dans son assiette. Il la regardait étrangement, l'appelait par de drôles de surnoms et surtout, était déplaisant. Si Salomé aurait été seule ce soir, au bar, elle aurait quitté l'emplacement sur le champs. Non. Si Salomé aurait été seule ce soir, elle serait restée chez elle à manicurer les ongles de ses mains, comme elle le faisait une fois par semaine. Elle n'était pas comme les autres filles à vouloir être à la mode et être magnifique même lorsqu'elle allait sortir les ordures. Elle ne savait uniquement pas quoi faire pour occuper ses soirées, elle s'ennuyait seule dans sa chambre, à regarder et lire la même revue. Elle avait lu cette revue des millions de fois et était capable de révéler chaque phrase, chaque mot, à quelqu'un qui pourrait lui poser des questions sur cette revue. Un simple magasine qu'elle avait trouvé au restaurant le mois passé. Il était devenu sa seule attraction ces dernier jours si bien qu'elle ne connaissait rien d'autre que ces quelques pages. L'ami de l'ami de Salomé décida de parler, espérant devenir intéressant à leurs yeux. Matteo lui fit la morale, ce qui fit sourire à nouveau la serveuse. Elle aimait son côté direct et sûr de lui. Si il n'était pas comme ça habituellement ce soit, rien ne paraissait. Elle se sentait rougir à chaque sourire qu'il lui était destiné, elle était chaude et transpirait beaucoup. Lorsque Matteo décida de porter son regard sur Salomé, la jeune serveuse cru défaillir. Était-ce la chaleur du bar qui la faisait dire et faire n'importe quoi? « Deux frères, c'est vrai. Deux petits frères qui sont taquins comme tout. Toi, tu as une soeur, n'est-ce pas? » Elle avait entendu dire, par des mauvaises langues, que le blondinet avait une soeur jumelle et qu'ils se détestaient. Elle se demandait la raison depuis des jours mais n'avait jamais osé lui en parler. Ceci ne la regardait pas, ce n'était pas son monde à elle. Elle espérait seulement ne pas être trop indiscrète à parler de la vie privée de cet homme.

   
   
   

Salomé n'était pas à l'aise dans cet endroit. Elle avait chaud, elle avait mal au dos et elle voulait partir. Mais si Matteo voulait rester, elle allait rester. Passer du temps en sa compagnie était quelque chose d'unique et elle ne voulait pouvait pas résister à son charme. Peut-être que le livreur ne savait pas ce qu'il représentait pour la serveuse mais lorsqu'elle le regardait, elle se sentait fondre. Que ce soit au restaurant ou à l'intérieur de ce bar miteux, elle ne voulait rien laisser transparaitre. Elle avait peur de se tromper car Matteo aimait les hommes. C'était ce qu'elle avait entendu depuis son arrivé au restaurant. Il n'était là que depuis un moment mais ils s'amusaient bien ensemble. Il avait fait de la prison aussi, avait-elle entendu. Elle aurait aimé savoir la raison et lorsque l'ami de Matteo évoqua une prison, tout son corps se mit à frémir. Pendant un court instant, elle aurait aimé comprendre que ce n'était pas vrai, une plaisanterie de mauvais goût. Avec toutes les paroles du jeune homme, Salomé ne savait plus où donner de la tête. Une partie d'elle lui disait de ne pas le croire, qu'il voulait seulement se donner de l'importance. Et lorsque Matteo révéla ses pensées, Salomé put enfin respirer. Il n'y avait rien, ce n'était pas la fin de son monde. Matteo avait peut-être eu quelques excès de vitesses, rien d'alarmant. C'était ce que Salomé voulait croire. Elle ne pouvait se résoudre à ce que Matteo soit un assassin ou un violeur de femmes. Son ami était le type, cependant. Le petit brun voulait se donner en spectacle et la jeune serveuse ne voulait pas faire partie des spectateurs. Elle avait déjà donné à son travail même si dans le restaurant où elle travaillait, ce n'était pas ce genre de clientèle qui arrivait. Par contre, la jeune femme était étonnée de ne pas avoir vue l'ami de Matteo avant ce soir là. Il était son colocataire, son ami aussi. Il n'était jamais venu manger une pizza, boire un coke ou demander de l'argent à Matteo. Elle trouvait cet agissement étrange. Mais ceci pouvait arriver, il était peut-être très différent des autres, préférant la solitude ou se tenir dans des bars avec des gens d'assez basses réputations. Ce n'était pas son truc, à elle mais si Matteo voulait rester, elle allait rester là, à l'attendre. Il l'avait emmené à ce bar et Salomé espérait qu'il puisse la reconduire chez elle ensuite. Elle l'inviterait à ... À rien du tout. Elle partirait chez elle en courant, sans se retourner, de peur de voir de l'admiration ou même du dégoût dans le regard de cet homme tout à fait charmant. Elle le trouvait attirant, ne pouvant s'imaginer oh combien il pouvait bien embrasser.

Salomé voulait accepter l'invitation, elle le désirait de tout son coeur et son âme. Elle voulait partir d'ici et aller ailleurs, avec lui. Dans ses rêves, c'était déjà arrivé. Il l'enlevait pour l'emmener dans un monde meilleur, où il n'y avait aucun ami. Pas de clients de restaurant, pas d'amis, pas de connaissance. Rien que tout les deux, à partager un morceau de tarte aux cerises avec un grand café frappé. Salomé n'avait jamais aimé le goût des cerises mais dans ses rêves, elle les aimaient. Et elle aimait passer du temps en compagnie de Matteo. Elle acquiesça une petite seconde avant que Matteo ne disparaisse par l'apparition d'une étrangère, lui barrant la vue. Elle la regarda une petite seconde, sans parler. La connaissait-elle? Elle était persuadée que non. Pourquoi voulait-elle l'emmener ailleurs? La jeune serveuse lui fit non de la tête, espérant que la rouquine puisse partir plus loin. Elle voulait passer du temps en bonne compagnie et non avoir peur pour sa propre survie. Rester avec cette demoiselle ou avec l'ami de Matteo, c'était risqué. Même si elle ne connaissait pas pleinement Matteo, elle était prête à prendre le risque de le suivre et de passer du temps avec lui. C'était ça, passer du temps de bonne qualité, à deux. Elle ne savait pas pourquoi mais elle lui faisait confiance. Au diable sa prison, au diable ce que les autres pouvaient dire sur ce jeune homme fraichement débarqué. Elle voulait apprendre à le connaitre et vivre sa vie d'adolescente, maintenant. Salomé avait passé beaucoup de temps les yeux fermés, n'étant jamais sortie de sa vie de famille. Maintenant, c'était le temps de jouer et de comprendre ce que la vie pouvait lui donner. Elle voulait partir, maintenant.

Elle était là à se demander quoi faire. Elle voulait partir, mais rester était aussi envisageable. Salomé ne voulait pas prendre une décision sur un coup de tête et ensuite regretter son choix. Ceci lui faisait penser à un jeu qu'elle avait entendu parler. Elle n'avait pas joué, elle ne voulait pas jouer avec la vie des autres. Prendre un choix était le but de ce jeu. Ne rien laisser au hasard, tuer ou ne pas tuer. Comme ici. Laisser tout derrière elle ou bien attendre que Matteo puisse comprendre qu'elle n'était pas à l'aise dans ce genre d'endroit. Elle se sentait seule et anéantis. Elle voulait rester pour lui, lui montrer qu'elle était forte et qu'elle savait bien se tenir. Ne pas avoir peur, mais c'était autre chose. Elle n'était pas dans son élément. On dit souvent que rester avec des gens peut nous aider ou même, nous faire comprendre beaucoup de choses sur son environnement. Le contraire aussi. Et pour l'instant, Salomé ne savait plus quoi penser. Elle se sentait seule malgré les deux garçons à ses côtés. Elle avait envie de vomir suite à la prise de l'alcool. Elle avait aussi envie de danser, de se coller contre Matteo et de fermer les yeux, espérant trouver une porte de sortie ensuite. Plus que le temps avançait, plus elle se sentait ridicule. Elle avait l'impression que rien n'allait dans son petit monde, d'être venue ici pour rien. Elle voulait fuir, partir, aller se coucher et espérer ne pas se rappeler cette rencontre désastreuse. Pour la première fois de sa vie, Salomé avait peur d'un homme. Et pas n'importe lequel. Le meilleur ami de Matteo. Cet homme qui se croyait si gentil et si brillant. Il était plutôt immature et la jeune serveuse avait bien envie de le lui faire comprendre. Mais comment faire sans passer pour la putain de service ? Elle ne voulait pas paraitre pour ce qu'elle n'était pas. Au contraire, Salomé avait toujours été douce et gentille envers les gens et elle ne voulait pas rester en arrière en passant pour une autre personne. Elle avait toujours été très étonnée de comprendre que les gens ne la voyait pas comme elle était. Elle était timide, réservée et elle aimait sa vie. En partie, en fait.

Elle n'avait jamais aimé son enfance. Les cris de son jeune frère en mémoire, espérant pouvoir arrêter le calvaire de sa mère, tout ce qu'elle avait pu subir avec le temps. C'était toujours ainsi dès qu'elle fermait les yeux. Aimer un homme, elle n'avait jamais réussis. Pas après tout ce qu'elle avait eut dans sa vie. Son père, un parfait cinglé, n'avait jamais été un père aimant pour elle. Pas même pour aucun membre de sa famille. Ses deux frères et elle avaient été maltraités dans le passé, ne comprenant pas ce que le mot amour voulait dire. Sa mère, dès qu'elle avait eut une chance à elle, était partie avec le plus jeune de ses enfants, laissant les deux autres derrière elle. Une vrai vie de misère. Plus tard, lorsqu'elle avait commencé à devenir femme, elle avait connu bien des problèmes avec ses études et même dans certains domaines d'emplois. Plusieurs choses avaient fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui et elle ne le regrettait pas. En partie, tout du moins. Salomé aurait bien aimé pouvoir repartir du bon pied, devenir quelqu'un d'autre l'espace d'une journée et faire comprendre au monde entier qu'elle existait. Mais pas pour maintenant. Son père mort et enterré depuis des mois, elle se sentait revivre. Un peu. Rien qu'un peu. Elle n'avait plus aucunes nouvelles de Simon, son plus jeune frère et de sa mère. Elle avait toujours son autre frère sous sa garde, mais c'était autre chose. Elle ne vivait que pour lui depuis des jours et des jours, ne pensant jamais à son bonheur. Mais lorsqu'elle regardait Matteo, elle voyait un homme prêt à la comprendre. Elle le savait au fond d'elle qu'il n'était pas l'image qu'il essayait de montrer aux autres. D'accord, il avait fait de la prison, mais il avait certainement une bonne raison. Tout le monde a de bonnes raisons pour agir de la sorte, mais Salomé savait que les raisons de Matteo étaient différentes. Il avait certainement voulu sauver quelqu'un, venir en aide à une pauvre orpheline ou bien, sauver les fesses de sa mère. C'était quelque chose comme ça, elle le savait d'avance. Pas la peine de lui lire une histoire idiote, elle n'allait rien croire. Elle connaissait Matteo un peu, pas beaucoup, mais assez pour savoir que ce dernier avait un grand coeur et que jamais il ne laisserait quelqu'un derrière lui. Mais ça, c'était ce que Salomé croyait. Elle croyait en l'existence des licornes aussi. Et la paix dans le monde.

Une jeune femme à la crinière rousse la regardait depuis son arrivée au bar et ceci effrayait beaucoup Salomé. Elle n'avait pas l'habitude de se faire regarder ainsi et, à en croire les paroles de l'ami de Matteo, ceci n'avait pas de bons côtés. Salomé voulait partir, maintenant. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle était capable de faire, était de regarder les deux hommes se chamailler et d'approuver, ou non, de la tête. Elle n'avait jamais pris un verre d'alcool de sa vie, elle n'avait jamais mis les pieds dans un bar, elle n'avait jamais eut aussi envie de danser qu'en ce moment même. Elle voulait que Matteo puisse l'accompagner, aller au milieu de toutes ces tables et qu'il puisse s'abandonner comme elle avait envie de faire. Musique ou non, elle avait envie de danser et d'oublier les restes. Oublier qu'elle devait entrer travailler le lendemain matin, oublier qu'elle allait avoir un mal de tête horrible demain, oublier où elle était et, pour un bon moment ce soir, qui elle était. Elle voulait devenir quelqu'un d'autre, une personne beaucoup plus jolie, une personne que Matteo pourrait aimer pour de vrai. C'était un souhait comme les autres, elle voulait devenir quelqu'un d'autre. Une personne différente, quelqu'un qui pourrait avancer dans la vie. Elle qui avait toujours voulu retourner aux études mais qui avait peur de la suite des évènements, elle ne pouvait passer à côté de cette histoire et de ses pensées. « Je ne suis qu'une idiote. » Elle avait parlé plus à elle-même qu'aux autres, tandis que Matteo faisait fuir la rouquine qui s'était un peu trop avancée. Était-ce une fille ou un garçon ? Salomé n'en savait rien, c'était trop horrible à regarder. Elle soupira un moment, regardant Alexis en fronçant les sourcils. Vraiment, cet homme avait beaucoup de culot pour penser toutes ces choses. Et en plus, Matteo disait qu'il était son ami. C'était incroyable. Si elle en aurait eut le courage, Salomé aurait envoyé balader cet ami et aurait embrassé Matteo à pleine bouche. Si elle en aurait eut le courage, bien entendu. Le courage, comme Matteo venait de le faire. Il avait pris son courage à deux mains et quittait maintenant le bar, entrainant la pauvre Salomé avec lui. Le contact de la main dans le dos de la jeune femme, la fit frisonner un moment. Ne sachant pas exactement quoi faire ou quoi dire, elle préféra se taire et le suivre. Avec lui, elle était entre bonnes mains, elle savait. Peut-être des mains un peu plus expérimentées que les siennes, mais au moins, Salomé se sentait en sécurité. Ce n'était pas comme avant, avant sa rencontre. Elle savait maintenant qu'elle pouvait compter sur lui pour l'aider en cas de besoin et même, qu'elle pouvait lui faire entièrement confiance.

Arrivée à l'extérieur, Salomé se dégagea un petit moment, ne voulant pas paraitre trop agressive avec son cher livreur. Elle voulait le remercier, mais elle ne savait pas exactement comment. Et rester près de lui, de cette manière, n'était pas réellement ce qu'elle voulait faire. Elle ne voulait rien brusquer, surtout avec la réputation qu'il avait en ce moment même au restaurant. Un homosexuel tout droit sorti de prison. Combien de fois Salomé avait-elle entendu le patron dire que si jamais il avait une plainte contre lui, il n'allait pas se gêner pour le jeter à la porte ? Trop de fois selon elle, elle l'avait entendu des milliers. Mais à chaque fois, Matteo avait un tableau parfait. Un tableau. Salomé espérait ne pas apparaitre sur un autre tableau prochainement aussi. Tout doucement, la serveuse se rapprocha de Matteo, espérant ne pas faire fuir ce dernier. Elle avait eut envie de faire ce geste des millions de fois mais comme toujours, elle n'avait pas su comment agir avec lui. Mais maintenant, l'alcool en plus, elle n'avait plus le choix. Salomé embrassa Matteo sur la joue droite, continuant de sourire ensuite. Elle ne voulait pas montrer qu'elle était gênée, même si ses jours virèrent au rouge en moins de deux secondes. Salomé décida de laisser Matteo planté là, espérant que ce dernier ne puisse pas s'essuyer la joue. Ou du moins, s'il en avait envie, qu'il puisse le faire sans son dos, sans qu'elle ne le voit. Ceci aurait pu enlever tout le respect qu'elle avait encore pour lui. Se dirigeant vers la rue voisine, tout le monde pouvait bien voir que Salomé n'était pas réellement dans son état normal. Elle dansait un peu, se dandinant d'un pied à l'autre, se mettant même à se trémousser lentement par endroit. Elle chantait aussi. Un chanson qu'elle n'avait entendu qu'une seule fois, ce matin même. Une chanson en anglais. Quelque chose qui sonnait faux dans sa voix, puisqu'elle n'avait jamais compris les paroles. Elle avait l'air uniquement, mais pas le reste. Et elle souriait, c'était incroyable comme elle avait l'air heureuse.