Patrick avait fini par enfin lui téléphoner, lui donnant rendez-vous dans un endroit où il n'avait pas l'habitude d'aller seul. Il avait besoin de se détendre et il savait qu'avec Salomé, il allait pouvoir fermer les yeux et respirer calmement ensuite. Et surtout se détendre. Il ne l'avait pas fait depuis que Liberty l'avait laissé tomber. Elle avait détruit leur couple et jamais il n'allait s'en remettre. Il n'affichait plus le même sourire qu'avant, il était beaucoup plus maussade qu'habituellement et en plus il devenait trop direct avec les clients. Même avec les autres employés, tout avait changé. Il était direct, froid et extrèmement colérique. Par chance, Patrick avait de bonnes amies pour se confier. Même s'il n'avait pas de meilleur ami, chez les garçons, il pouvait compter sur deux filles qui lui faisait entièrement confiance et lui aussi, pouvait leur faire confiance. Corina, une décoratrice d'intérieur peureuse de l'avenir ailleurs qu'à Quertal et Salomé, une gentille serveuse qui avait toujours le regard enjoué et le sourire aux lèvres. Patrick n'avait jamais vu son amie malheureuse, triste ou pleurer. Elle était toujours heureuse et souriante, elle respirait le bonheur. Et Patrick avait besoin d'elle pour se sentir comblé. Il avait donné rendez-vous au spa pour discuter. Par contre, il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il ferait extrêmement chaud à cet endroit, il ne voulait que se détendre, se changer les idées et parler un peu avec Salomé. La dernière fois qu'il l'avait croisé, à la supérette du coin, elle lui avait dit qu'elle avait rencontré quelqu'un mais sans plus. Elle n'avait pas pris le temps de lui parler plus, elle était partie heureuse. Patrick lui avait annoncé vaguement sa séparation, ce qui avait attristé Salomé un moment, avant de lui dire que tout irait mieux ensuite, qu'il était maintenant libre pour s'occuper de sa petite soeur. Elle avait raison, sur un certain point, mais non du reste. Patrick s'ennuyait de Liberty. Il avait de la difficulté à faire partir Libby de sa tête.

Elle venait de quitter son travail, la tête complètement bourrée de n'importe quoi. Pourquoi écoutait-elle ce que les gens lui disait, au sujet de Matteo, un livreur fort mignon. IL est gai, disait une serveuse. Il te parle, parce qu'il a des vues sur ton petit frère, disait une autre. Il est peut-être mignon, mais tu es loin d'être son type, disait un livreur. Il sort de prison, il pue la drogue et les hommes de basse qualité, disait un cuisinier. Mais Salomé ne voulait pas y croire. Elle le trouvait fort séduisant et, contrairement à ce qu'elle pensait depuis des lustres, tout le monde commençait à comprendre que la jeune serveuse avait un pince pour le livreur. Et au fond d'elle, Salomé savait que Matteo ne comprenait pas réellement ce qui se passait. Elle avait entendu tant de choses sur lui que plus rien ne pouvait la choquer. Pas même ce que lui, Matteo, pouvait lui raconter. L'une des dernières fois qu'elle avait eut une discussion avec lui, ils avaient été dans un bar, rencontrer un ami à lui. Tout ne c'était pas très bien déroulé, Salomé avait même eut peur. Elle n'était pas dans rassurée de rester avec cet homme, ce Alexis, un ami à son beau Matteo. Mais si ce dernier était réellement un ami, c'est qu'il devait avoir des qualités. Allez savoir lesquelles, mais il devait en avoir. Encore aujourd'hui, en ce moment même, Salomé les cherchait. Elle ne passait pas tout son temps à penser à ce Alexis, mais assez pour se demander ce que Matteo lui trouvait. Il était peut-être une de ses anciennes flammes, devenu trop dépendant et avait décidé de rompre. C'était la seule raison possible que Salomé avait trouvé. Ils étaient restés amis et avaient décidé de ne pas en parler à personne. Voilà, c'était maintenant réglé. La jeune serveuse allait enfin pouvoir fermer les yeux la nuit et penser à quelque chose d'autre qu'à ce Alexis. Comme à Matteo, par exemple.

Elle avait reçu un message de Patrick, un garçon qu'elle avait rencontré, il y avait des années de cela. Elle était tombée sous son charme et surtout, avait entretenu une bonne amitié avec lui. Ce dernier venait de rompre avec sa petite amie. En fait, c'était elle, la coupable. Liberty avait rompu et Patrick souhaitait parler de tout cela avec son amie. Mais même si Salomé voulait aider Pat, qu'elle était prête à tout faire pour lui venir en aide, sa joie était visible à des kilomètres. Elle ne voulait pas arriver au point de rendez-vous avec un large sourire, heureuse comme elle ne l'avait jamais été. Elle était amoureuse et voyait qu'elle ne laissait pas ce dernier de glace. Elle avait une touche, elle ne pouvait pas le nier. Ni personne, d'ailleurs. Mais est-ce que Patrick pourrait le voir ainsi et non, comme une sorte de connerie venant d'elle? Salomé n'a jamais été une mauvaise personne mais elle avait tout de même peur que Patrick puisse la détester pour cette raison. Elle, joyeuse et heureuse dans sa vie. Lui, triste à mourir, laissé de côté par sa petite amie, ne pouvant plus rien faire pour sauver sa peau. Peut-être que Patrick avait une bonne nouvelle à lui annoncer, peut-être que Salomé se trompait sur toute la ligne. Et elle espérait que ce soit le cas.

L'autobus ralentit, Salomé descendit au point de rencontre. Elle voyait Patrick un peu plus loin, se demandant pourquoi ce dernier avait décidé ce point de rencontre pour eux. Il aurait pu l'appeler, comme il faisait à son habitude, pour discuter. Prendre un café ensuite ou bien, aller au cinéma, au lieu de travail de Patrick et terminer la soirée chez lui, à rire et à pleurer à cause de leur discution. Rire pour Patrick, pleurer de rire pour Salomé. Elle avait toujours aimé leurs soirées, toujours. Des fois, ce dernier annulait tout pour passer du temps avec sa copine et Salomé pouvait le comprendre. Mais ici, près d'un spa, ce n'était pas réellement lui. Elle ne l'avait jamais vu ainsi. Pour elle, Patrick était inconsolable.