SOCIABLE - PARANOÏAQUE LORSQU'IL S'AGIT DE SA FILLE - RÉCONFORTANTE - RANCUNIÈRE - LOYALE - NE BAISSE PAS FACILEMENT LES BRAS
   
Diana a toujours été une fille parfaite, un trésor pour nous, ses grands-parents. Lorsque sa mère est morte, tuée par son mari, soit mon fils, j'ai pris soin de cette petite chérie. Elle n'avait que trois ans, à l'époque et elle était toute fragile. Je n'ai jamais été capable de lui dire que sa mère avait décidé d'abandonné son père et que c'est ainsi que le drame a commencé. Une simple rupture et ensuite, tout le monde parlait de ce meurtre sordide en Californie. Un homme tue volontairement sa conjointe, pour avoir la garde de sa fille, Diana. Mon fils est, et restera a jamais, dans une prison loin de sa fille. Et c'est mieux ainsi. Même si cet homme est mon fils, je préfère ne pas y penser et espère tout bas qu'il ne sortira jamais de là, ayant peur pour mon mari, ma petite-fille et ma propre sécurité. Lors du drame, Diana était avec moi. Elle écoutait ses programmes préférés et chantait à tue-tête les chansons de ses dessins animés favoris. Je vais toujours me rappeler du visage qu'elle a fait, lorsque je lui ai raconté qu'elle resterait dormir avec moi. Maman ne viendra pas me chercher? Elle n'avait pas l'air de comprendre, comme si sa mère l'avait abandonné. C'est mon mari qui lui a tout expliqué, qui a préféré aller droit au but avec elle. Diana ne nous a pas parlé pendant quelques jours ensuite, se refermant sur elle-même. Elle restait dans sa chambre, muette comme une tombe. Malgré son jeune âge, mon mari et moi, nous l'avons laissé seule un peu. Elle avait besoin de temps. Lorsqu'elle a recommencé tranquillement à parler, elle nous a demandé ce qui arriverait d'elle ensuite, si elle pouvait rester avec nous pour le restant de sa vie. J'ignore ce que mon mari, son grand-père, lui a exactement dit. Mais depuis ce jour, Diana est restée une femme forte et compréhensive avec nous. Elle nous a toujours épaulé dans les moments les plus durs, allant jusqu'à travailler lorsqu'elle était encore toute jeune pour payer sa part du loyer.

Lorsqu'elle eut quinze ans, Diana a commencé à travailler dans un petit restaurant pour nous aider à payer sa part de loyer. Mon mari et moi passions notre temps à lui expliquer que ceci n'avait aucun sens, que si elle désirait devenir journaliste un jour, son rêve le plus cher, elle devait étudier et arrêter de travailler après les cours. Mais elle n'en faisait qu'à sa tête, trouvant le marché du travail facile malgré son jeune âge. Diana, c'est la prunelle de mes yeux, elle ressemble tellement à sa défunte mère. Les mêmes yeux, la même couleur de cheveux, donc blond presque parfait. Un simple sourire et elle vient d'illuminer une pièce entière. Elle apporte la joie aux autres, le sourire aux plus tristes et l'amour à ceux qui n'ont jamais pensé le trouver. C'est le cas lorsqu'elle m'arriva, un beau dimanche après-midi ensoleillé, des étoiles d'émerveillement dans les yeux. Elle était heureuse, elle venait d'avoir seize ans et elle était acceptée dans une nouvelle école en Californie, pour devenir journaliste. Elle allait devoir travailler fort, prendre son courage à deux mains et devenir la jeune femme forte et rebelle qu'elle avait toujours voulu devenir. Elle entreprenait des cours en photographie le soir, avant d'aller travailler. Elle aimait ses cours, elle aimait son travail et surtout, son petit ami. Elle venait de trouver l'amour, un cuisinier amateur où elle travaillait. Ce dernier était un peu plus âgé qu'elle, il allait avoir vingt et un an lorsqu'elle décida de nous le présenter. Mon mari ne fut pas charmé une seconde. Selon lui, c'était une nullité, il allait nuire à l'apprentissage de Diana. Pour moi, c'était un joli cadeau tombé du ciel. Je voyais dans les yeux de Diana qu'elle était follement amoureuse et que c'était réciproque. Les deux tourtereaux étaient fou l'un de l'autre, personne ne pouvait le nier, sauf mon mari. Il n'avait pas l'air de l'apprécier. Et Diana l'a compris. Elle a quitté le domicile, allant rester avec son petit ami. Je n'ai pas eu de nouvelles d'elle pendant un peu plus de quatre ans. J'essayais de me rendre à son travail mais elle avait changé d'emploi. Son amoureux aussi. Je me suis rendu où elle étudiait, elle n'y était jamais. J'ai fini par la revoir, dans une supérette. Elle avait changé, beaucoup. Elle n'était plus la même, elle avait perdu cet éclat de rire dans sa voix et dans ses yeux. Elle avait changé sa couleur de cheveux, se mêlant plus au brun qu'à autre chose. Elle avait vraiment changé. Et elle n'était plus avec Samuel, son amoureux du temps. Ce dernier venait de la laisser tomber, elle n'était plus rien pour personne. Elle m'avoua avoir continué ses études et de s'en vouloir pour beaucoup de choses. Elle avait mis de côté les restaurants pour se consacrer à sa carrière et avait découvert un emploi tout nouveau dans un petit journal local, qui venait de commencer à faire ses preuves. Ma Diana était un peu maussade, mon mari et moi, voyons qu'elle avait vécu certains problèmes pendant toutes ses années de départ. Mais elle refusa de nous en parler, voulant garder le tout pour elle. Une brave jeune fille, elle ne voulait pas inquiéter ses grands-parents qui l'avait véritablement élevé.

Il est beau comme un ange. Je crois être amoureuse. Diana revenait d'une soirée. Elle était toujours habillée de sa petite robe noire lorsqu'elle arriva en trombe pour me parler d'un homme qu'elle avait rencontré. Il avait son âge, soit près de vingt et un an. Il était Suisse, selon elle mais il était en voyage aux États-Unis. Elle me raconta qu'il l'avait abordé pendant un cocktail et qu'elle n'avait pas été insensible à son charme, même si elle venait de rompre avec Samuel. Elle m'annonça également qu'elle allait le revoir et qu'elle était certaine d'avoir trouvé l'homme de sa vie. Je n'ai jamais rencontré cet homme, celui qui vola la vie entière de ma petite Diana. J'aurais aimé pouvoir trouver la force de lui dire de tout arrêter, qu'il était étrange mais je l'ai laissé faire. Elle était enfin heureuse, ayant retrouvé sa bonne humeur. Elle qui avait vécu l'enfer avec son ancienne flamme, elle méritait beaucoup mieux. Mais après quelques messages vocales laissés, Diana comprit que son amoureux l'avait quitté. Diana n'eut plus aucunes nouvelles de Sean, c'est ainsi qu'il s'appelait. Et ma belle grande fille se laissa aller lentement, perdant à nouveau toute parcelle de joie et de bonheur. Elle fit une bonne dépression pendant quelques semaines avant de m'annoncer qu'elle était enceinte. J'ai compris immédiatement qu'elle allait souffrir pour le restant de sa vie, avec son fils ou sa fille. Cet enfant n'allait jamais avoir de père, jamais de visage paternel adéquat. Après une bonne discussion et un refus de me dire qui était vraiment le père de cet enfant, ma petite chérie plongea tête première dans une forte dépression, ne mangeant presque pas, ne sortant que très rarement de sa chambre à coucher. Elle avait même commencé à prendre un peu d'alcool, malgré sa grossesse de plus en plus apparente. J'avais peur pour l'enfant mais aussi pour Diana. Cette dernière donna naissance à une petite fille, un petit ange tout menue, à l'hôpital du compté. Elle la prénomma Elena, prénom de sa défunte mère, et lui donna son nom de famille. Elena Kathia Eris. Grâce à la nouvelle venue, le monde de Diana reprit forme et elle décida de continuer ses études et son travail pour se remettre en forme.

Lorsque Diana travaillait, je prenais soin d'Elena. Même lorsque mon mari mourut. Ma petite-fille voulut prendre quelques jours de congé mais j'ai refusé, ne voulant pas qu'elle perd son emploi. Tout était serré, elle manquait beaucoup à cause de la petite. Elle désirait être là à chaque moment de sa vie, elle ne voulait jamais la quitter. Diana commença a faire des recherches sur internet, le jour de ses vingt-sept ans. Elle m'informa qu'elle avait l'intention d'aller faire un voyage, à quelque part dans le monde. Elle ne savait pas encore où, m'avait-elle dit ce jour là, mais elle comptait bien emmener Elena avec elle. Je voyais qu'elle mentait, qu'il y avait une petite parcelle de mensonge, dans ses mots. Diana avait l'intention de partir en Suisse, chercher Sean. J'ai toujours su qu'elle ne l'avait jamais oublié et qu'il était toujours aussi important pour elle. Elle ne voulait pas s'en déprendre, elle irait le chercher. Lorsqu'elle m'annonça son départ, avec Elena, pour le lendemain matin, vers la Suisse, je lui ai parlé de mes craintes. Diana ne me mentit pas. Elle me parla de son intention de retrouver Sean et de vouloir lui présenter sa fille. Elle avait comprit, bien des années plus tard, que cet homme avait agit ainsi avec bien des femmes avant elle. Ils étaient peut-être jeunes à l'époque mais Sean avait déjà de nombreuses conquêtes derrière lui. Elle n'avait été qu'une femme de plus, une de plus à l'aimer. Elle regrettait son geste, certes, mais elle espérait pouvoir changer les choses et lui faire comprendre que maintenant, il avait des responsabilités devant lui. Je sais que Diana est partie rejoindre Sean pour d'autres raisons mais je n'ai pas su les lui faire dire. Elle est partie depuis deux semaines, je n'ai pas eut de ses nouvelles encore. J'espère au moins, que tout va bien.